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Studio Faggioni - Yacht Design
Orion

La l?gende d'Orion

Oggetto rif.:  
Titolo: La l?gende d'Orion
Magazine: Mer & Bateaux
Numero: 122
Anno: 2000
Allegato (pdf/doc): Mer&Bateaux 122-20130530-190211.pdf
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L'?t? dernier, la belle go?lette lanc?e en 1910 par Charles E. Nicholson a retrouv? toute sa prestance, avec un pIan de pont et un gr?ement pratiquement identiques ? ce qu'ils ?taient ? l'origine. Alors qu'on avait l'habitude, dans les r?gates, de le voir en fin de flotte, Orion, aux Voiles de Saint- Tropez, quatre fois, a pass? la bou?e de pr?s en t?te.
 

Orion est un voilier exceptionnel. Dessin? pour le roi d'Espagne qui n'en prit finalement as livraison, il est n? sous une ?toile royale. En effet, quel yacht de cette ?poque peut 'enorgueillir d'avoir conserv? 70 % de ses emm?nagements int?rieurs d'origine? Un autre d?tail ajoute ? sa l?gende. C'est le meme architecte, Ugo Faggioni, qui, ? plus de trente ans d'?cart, a ?t? charg? de redessiner le gr?ement d.'Orion.

On lui a demand?, trente-deux ans plus tard, de recr?er le gr?ement d'origine. Un r?ve devenu r?alit?!
 
 

Orion, l'histoire

Dans son livre "Voiles de tradition" (Vele d'Epoca, en italien), Franco Pace fait remarquer qu'une vieille tradition maritime veut que l'on donne le nom d'une ?toile aux plus beaux yachts. Ainsi Altair, Stella Polare (?toile polaire), Croce del sud (Croix du Sud), et Orion, qui est une constellation. Et il est vrai que c'est une des plus belles "old ladies" de M?diterran?e, o? elle r?gne depuis 1930.

C'est en 1910 que Charles E. Nicholson dessine et construit dans son propre chantier de Gosport, en Angleterre, la go?lette Sylvana. Son premier propri?taire, le lieutenant-colonel C E Morgan, la met sous pavillon britannique et la base ? Portsmouth.
 
 
On voit le yacht, qui porte 800 m2 de toile, ?voluer dans le Solent sous ses deux grand'voiles auriques, avec une bome gigantesque,ses voiles de fl?che, et ses trois voiles d'avant, amur?es sur un beaupr? de 11 m?tres. Il faut ? l'?poque un ?quipage de vingt-cinq personnes pour bien mener le bateau. Charles E. Nicholson a dessin? un yacht solide, fait pour la navigation en haute mer, capable d'encaisser de forts coups de vento Il est un peu plus rond au maitre-bau que les yachts qu'il a l'habitude de concevoir pour la r?gate, afin de pouvoir installer des emm?nagments plus confortables, mais cela lui donne ?galement de la puissance au pr?s. La coque, qui poss?de de grands et magnifiques ?lancements, est de construction composite ? bordage de teck de 5 ? 7 cm d'?paisseur, solidement fix? sur un squelette d'acier. Les mats sont implant?s sur la quille longue, en chene, recouverte de cuivre, dont la semelle est faite d'une seule pi?ce de plomb. Le pont poss?de une l?g?re tonture, ce qui ajoute encore ? l'?l?gance du bateau, et le barreur, plac? tr?s en arri?re, comme toujours sur les go?lettes, embrasse d'un seui coup d'rei Isa voilure et son gr?ement.
 
 
En 1913, le comte Jean de Polignac, membre du Yacht Club de France, ach?te Sylvana, qui passe sous pavillon fran?ais, et rejoint Brest, son nouveau port d'attache. En 1919, il devient Pays-de France, nom d? sans doute ? l'ambiance qui r?gnait apr?s la Premi?re Guerre mondiale! En 1921, le yacht devient la propri?t? du patron du journal le Matin, Maurice Bunau-Varilla, qui le base ? Marseille, avant de le ramener au chantier Camper & Nicholsons. C'est l? qu'en 1923, le capitaine de l'arm?e britannique Cecil W.P. Siade l'ach?te, le rebaptise Diane, et l'emm?ne ? Portsmouth. Ce tourbillon de propri?taires, de pavillons, de noms, ne semble jamais devoir s'arreter: en 1927, Diane devient Vira (qui sera le nom de bapteme de Creole, trois ans plus tard), et passe sous pavillon argentin, aux mains de Raul C. Monsegur, qui lui fait traverser l'Atlantique pour rejoindre Buenos-Aires. Enfin, en 1930, son nouveau propri?taire, Miguel Mz de Pinillos l'am?ne ? Cadix, le met sous pavillon espagnol et le baptise Orion. Il enrichit le bateau de beaux meubles anglais et d'une vaisselle d'argento Durant seize ann?es, il va passer beaucoup de temps ? bord, ? naviguer.
 

C'est alors que le yacht connalt une certaine stabilit?. Et sa premi?re fortune de mer: en 1935, au cours d'une croisi?re en Manche, une explosion d?truit le dog-house, la timonerie, et endommage la bome qui doit ?galement etre remplac?e.

La p?riode espagnole d'Orion se poursuit avec Manuel Beltran Mata, puis la soci?t? Fragesco S.A. qui emm?ne le bateau ? BarceIone en 1949, et enfin la Lebo Entreprise S.A. de Panama, qui le revendra ? un propri?taire italien. Pendant le convoyage de Barcelone ? Marseille, le 17 mars 1966, le bateau est pris dans un coup de vent de Nord-Est en plein dans le nez au cap Creus, le plus mauvais endroit du golfe du Lion par temps de mistral; le mauvais temps, Orion, au pr?s serr?, navigue ? 7 noeuds, quand l'?tai de trinquette se rompt,entralnant la chute des m?ts, en partie sur le pont et dans l'eau. Remorqu? jusqu'? Marseille par un bateau qui passait par l?, Orion y laisse ses m?ts bris?s, puis rejoint La Spezia au moteur, ? petite vitesse.
 
 
Quelque temps plus tard, le chantier italien Argo, dans le petit port des Grazie, proche de Portovenere, appelle un jeune architecte navill de vingt-sept ans, Ugo Faggioni, afin de redessiner le gr?ement et le pian de voilure. Avec son fr?re, Ugo fait un projet de gr?ement de go?lette aurique, mais le propri?taire pr?f?re un gr?ement facile de go?lette ? voile d'?tai, inspir? de l'Ail?e, de Virginie H?riot. Les deux m?ts, plus courts que les m?ts d'origine, sont faits d'une seule pi?ce, le m?t de misaine ? voile d'?tai et fisherman, le grand m?t ? corneo Un foc volant, un c1in foc et une trinquette constituent les voiles d'avant. Et on installe un winch hydraulique pour faciliter les manreuvres de grand'voile. Orion, qui porte pr?s de 800 m2 de toile, revit. Une s?rie de croisi?res le m?nent en France, en Espagne, en Gr?ce et en Afrique du Nord, se permettant, par un mistral bien frais, d'effectuer , la travers?e Monaco-cap Corse ? 17 noeuds de moyenne! H?las, cela ne durera gu?re.
 

No?s allons le retrouver dix ans plus tard, en piteux ?tat. Le yacht, qui avait toujours ?t? bien entretenu pas ses propri?taires, a ?t? l'objet de mauvais traitements qui touchent au vandalisme.

Les meubles ont ?t? d?mont?s et ?t?s; les panneaux d'acajou qui constituent les lambris int?rieurs sont peints en blanc. Aucun entretien n'a ?t? effectu?.

Apr?s deux changements de propri?taires, les fr?res Braghieri, yachtmen italiens, d?couvrent Orion en 1978. Tomb?s litt?ralement amoureux du bateau, ils entreprennent un long travail de remise en ?tat, confi? au chantier Valdettaro. Qu'on imagine le yacht tel qu'il est ? cette ?poque: hormis le gr?ement, en bon ?tat, des int?rieurs ab?m?s, un revetement de pont ? changer, et la quille, dont la couverture de cuivre a beaucoup souffert, ? revoir.
 

Les propri?taires veulent, peu ? peu, remettre Orion dans un ?tat proche de l'origine ont beaucoup de chance: ils engagent Ignazio Torrente comme capitaine et chef de projet de restauration. Homme d'exp?rience, tr?s comp?tent, il va aider au sauvetage du bateau et rester onze ans ? bordo Chaque hiver, le bateau entre au chantier, et son ?tat s'am?Iiore.

'On ponce toutes les boiseries int?rieures pour ?liminer la laque bianche et retrouver une patine plus conforme? l'esprit du yacht. Il est ? nouveau meubl? et d?cor? avec go?t. L'hiver 1985/86, on refait compl?tement l'installation ?lectrique et la plomberie, de nouveaux ?quipements de navigation et de communication. L'ann?e suivante voit d'importants travaux structurels se faire. On enl?ve le rev?tement de cuivre de la quille, que l'on reconstruit en acajou et en noyer vert, et tout le rivetage de la coque est refait.
 

Les r?servoirs et les tuyauteries de plomb sont remplac?s par de l'inox. Et on installe deux Caterpillar de 230 ch, alors qu'auparavant, Orion ne poss?dait qu'un seui moteur, relativement puissant, .avec une cage d'h?lice dans le safran.

L'hiver 1989/90, les travaux structurels ?tant termin?s, c'est au tour du pont de se voir dot? d'un nouveau rev?tement de teck. Le bateau est alors tel que nous le voyons chaque ann?e ? la Nioulargue, ? Imperia, ? Porto Cervo, ? Palma, ? Monaco. A cette ?poque, il a la r?putation justifi?e d'un bateau lent, toujours distanc? par le pian Fife Altair, son jeune et ?ternel riva I, lanc? en 1930. Mais ses lignes ? l'?l?gance incomparable attirent toujours les regards.
 

Comme en 1910

C'est en 1998, avec de nouveaux propri?taires, toujours italiens, que la vie d'Orion va encore changer. A Saint-Tropez, le propri?taire m'affirme: "Orion, vous savez, ?tait plut?t habitu? des f?tes, des d?ners, des soir?es avec des invit?s prestigieux entre Porto Cervo et Monaco, mais les mondanit?s, ce n'est pas la seule vocation d'un yacht comme celui-ci. Nous en avions assez qu'il soit toujours dernier, dans les r?gates, et nous avons d?cid? qu'il devait retrouver sa piace dans le groupe men? par Mariette et Altair".
 

Le chantier Beconcini, ? La Spezia, expert en restauration de yachts anciens est charg? des travaux. Et l'on fait appel ? Ugo Faggioni pour doter Orion d'un gr?ement identique ? celui que lui avait con?u Charles E. Nicholson. Le bateau ?tant enregistr? au Lloyd's, et les plans ayant ?t? soigneusement conserv?s chez C&N, il a ?t? facile de reconstituer le gr?ement et le pian de pont d'origine. Les espars ont retrouv? leur longueur: le beaupr?, qui mesure 11 m, a ?t? rallong? de 3 m et la b?me a pris 1,50 m. Les mats et les espars sont en pin Douglas d'Am?rique.

Le plan de pont a ?t? remani? et simplifi?. Le poste de barre, qui reprend le dessin d'origine, est plus grand, la barre ? nouveau inclin?e ? 7 degr?s.
 
 
Sur la plage arri?re, on a supprim? les huit prises d'air dont les dorades en laiton "?taient surtout l? pour faire joli, mais exigeaient .un entretien quotidien et fastidieux, prenaient de la piace et faisaient du poids pour pas grand chose", dit le capitaine Renzo Castagna. Bien entendu, la coque a ?t? revue, on a chang? quelques bord?s, les deux emplantures de m?t, l'h?lice, sabl? la coque et refait toute la peinture et tous les vernis. On a install? des WC ?lectriques, et un r?servoir pour les eaux noires, que l'on vidange au large, faute d'installation dans les marinas, mais qui permet n?anmoins de respecter la propret? des mouillages. Les int?rieurs n'ont demand? que des am?liorations de d?tail. N'oublions pas que 70 % des int?rieurs sont d'origine, lambriss?s d'acajou avec des meubles, garde-robes, commodes, bureaux, int?gr?s aux cloisons. Une chemin?e qui apr?s avoir march? pendant des ann?es, est juste volontairement obstru?e,? un int?rieur largement ?clair? par des c1aires-voies d'origine, enti?rement d?montables pour laisser entrer la fra?cheur au mouillage, un salon de pont dans le rouf o?, sur des canap?s capitonn?s datant de 1910, on peut suivre les r?gates ? l'abri: il se d?gage d' Orion une ambiance marine rare, et tr?s authentique.
 
On pourrait s'imaginer dans un clipper, et bien peu de yachts, m?me soigneusement restaur?s, poss?de cette ?l?gance presque aust?re, et sans faute de g?ut par rapport ? l'esprit du yachting du d?but du si?cle. Souhaitons qu'entre les mains de son nouvel armateur, norv?gien, Orian, qui battait toujours pavillon italien au d?but de l'?t? conserve longtemps sa splendeur retrouv?e, et reste en M?diterran?e.

No?lle Duck


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